Après un printemps 2018 particulièrement humide, l’arrivée du soleil et la hausse des températures en juin a réjoui les uns et les autres. Sur nos exploitations, nous avons enfin pu récolter le foin, fourrage de base pour la ration hivernale de nos bovins. La fenaison étant légèrement tardive sur nos « premiers plateaux du Doubs », la qualité s’est trouvée un peu en deçà de nos espérances (car le stade de végétation de l’herbe était trop avancé), mais la quantité était au rendez-vous. Nous comptions alors sur la seconde coupe d’herbe qui a lieu généralement 35 à 40 jours après la première. Dans notre jargon, le fourrage issu de cette 2eme coupe est appelé « regain ». Contrairement au foin, il est composé de plus de feuilles et moins de tiges. Les rendements sont moins élevés, mais la richesse en protéines est supérieure et nous le réservons en priorité aux vaches laitières en production.

Sécheresse coop

Toutefois, cette théorie ne tient qu’à condition que l’herbe repousse…

C’est alors que la vague de grosses chaleurs que nous avons vécue s’est installée, faisant monter un peu plus le mercure chaque jour. Nous avons pour habitude de dire qu’en agriculture, « le mauvais temps est le temps qui dure »… Ces conditions très chaudes et sèches se sont malheureusement (pour nous !) maintenues durablement.

Les vertes prairies qui nourrissent nos animaux ont très rapidement pris des allures de paillassons géants, anéantissant nos prévisions de récoltes et ne laissant même plus aux vaches et génisses de quoi brouter.

Nous avons donc été très vite obligés d’entamer les stocks de foin tout juste engrangés pour alimenter les bêtes, car leur bien-être est une priorité et il est hors de question qu’elles ne mangent pas à leur faim. L’espoir d’un retour de la pluie pour reconstituer des réserves d’herbe était dans toutes nos pensées, mais il est resté vain.

Ces températures très élevées sont pénibles pour les vaches qui, contrairement à nous, ne peuvent pas se déshabiller ! Les haies très présentes dans nos prairies jouent alors un rôle particulièrement important pour nos protégées en leur permettant de se reposer à l’ombre.

L’abreuvement est fondamental aussi car une vache qui consomme en temps normal 50 à 60 litres d’eau par jour peut avoir besoin de 150 litres par fortes chaleurs !

La canicule a aussi un impact sur la production laitière. Les vaches qui ont chaud ont moins d’appétit et produisent moins de lait.

Les conséquences économiques de ce temps très sec sur nos exploitations seront donc très importantes.
En plus du déficit de production que nous venons de citer, nous devrons compenser le manque de stocks de fourrage par des achats chez d’autres agriculteurs. Cependant, l’ampleur de la sécheresse est telle qu’il se trouve très peu de foin disponible à la vente, même dans les régions limitrophes. A cela s’ajoute le fait que des éleveurs étrangers touchés eux aussi par le manque de pluie se sont portés acquéreurs de foin et de paille en France. Ces facteurs ont donc inévitablement occasionné une envolée des prix…


L’autre solution est d’adapter les troupeaux aux ressources fourragères dont nous disposons en vendant des animaux, mais cela aura aussi des conséquences sur la production future.

Pour « limiter les dégâts », nous comptons beaucoup sur la météo de l’automne. Nous espérons que le retour des pluies permette une bonne repousse d’herbe et que le temps reste clément le plus longtemps possible afin que retarder au maximum le retour à l’étable.

En tout état de cause, nous devrons nous adapter à Dame Nature qui a toujours le dernier mot, c’est une particularité de notre métier !!!