Les membres de la coopérative : Manuel et Louane Clément

Une exploitation AOC entre père & fille

Ma fille, Louane Clément et moi-même disposons d’une exploitation AOP de 360 mille litres de lait pour 107 hectares. Nous possédons 48 vaches laitières et cultivons un peu de céréales. 4 hectares sont destinés à notre autoconsommation. Louane est salariée à 80%. Elle a rejoint l’exploitation en septembre 2021 après six mois d’apprentissage. Nous travaillons sous forme de GAEC qui s’appelle le GAEC Clément Decombottes

Un pied dans l’agriculture depuis l’enfance

J’ai pris goût au métier en travaillant sur l’exploitation de mes parents qui se situe à Epeugney (20 km de Besançon et pas sur le territoire de la coopérative du Plateau de Bouclans). J’ai fait ensuite des études agricoles et je suis venu travailler sur l’exploitation de mes parents. Le 1er juin 2020, j’ai racheté une ferme à Champlive (sur le territoire de la coop de bouclans) et je suis donc venu m’y installer avec toute la famille.

Pour moi, c’est moins compliqué de reprendre une exploitation familiale que de repartir à zéro en exploitation individuelle, car dans une exploitation familiale, on connait parfaitement la qualité du troupeau (on l’a vu vivre) et la qualité du matériel (on a travaillé avec).

Quand on reprend une exploitation, on repart de zéro. Le vendeur nous transmet plein d’information mais on repart quand même quasiment de zéro. Il est important de dire, que le coût de reprise d’une exploitation familiale est moins important que l’achat d’une nouvelle exploitation individuelle. Les parents ont tendances à plus faire de cadeaux pour faciliter la reprise. Alors que le vendeur d’une exploitation, essaye d’avoir le meilleur prix et c’est normal.

L’intérêt d’être producteur de lait AOP et les spécificités

Le lait AOP Comté est très bien valorisé. Toutefois, cela ne signifie pas que le métier de producteur de lait AOP est plus facile. Chaque filière (AOP ou non AOP) a ses avantages et ses inconvénients. Nous avons tous, et encore plus aujourd’hui des charges assez lourdes. Que l’on fasse partie ou non de la filière, le travail est identique. En AOP, la principale différence réside dans le cahier des charges. Celui-ci est très important. Il peut être lourd : les vaches sont tenues de sortir au minimum six mois par an. Dès que la météo le permet, elles vont aux champs. En moyenne elles sont aux champs du 1er avril au 1er novembre.

Un territoire agréable à vivre et à travailler (les points forts de votre exploitation)

Nous sommes installés sur un territoire dans lequel les terres sont assez faciles à travailler. Notre environnement est un véritable atout. Nous sommes presque gâtés par la nature que nous avons. Tout est mécanisable et accessible en tracteur. Le pâturage se situe sur un rayon de 3km et la majorité du parcellaire est sur Champlive.

Pour être allé en Haute-Savoie lors de vacances précédentes, les agriculteurs n’ont pas du tout le même territoire. Les alpes entrainent des terrains moins mécanisables et moins accessibles car très pentus.

Une adaptation du métier et des cultures au climat

La quantité d’aliments par vache s’élève à 6 kilos maximum par jour. Les vaches peuvent également se nourrir de 20 kilos de matière sèche par jour. Et pour rappel, une vache boit une centaine de litres d’eau par jour.

Nous avons la chance d’avoir nos pâturages qui sont à côté du bâtiment. Donc par temps de sécheresse, on laisse ouvert le bâtiment, et les vaches vont dans le bâtiment pour dormir car il y fait moins chaud qu’au plein soleil dans un champ.

Le réchauffement climatique nous inquiète et pose question. Il rend plus difficile l’activité d’agriculteur. Avec les sécheresses, nous manquons d’herbe dans les champs pour nourrir les bêtes. Le stock de foin est utilisé pour l’hiver. Mais pendant une période de sécheresse, nous devons utiliser une partie de ce stock pour nourrir les bêtes pendant l’été. Pour faire face à cette problématique, nous devons changer nos méthodes de cultures et intégrer des nouvelles qui s’adaptent au climat sec. Cela entrainera une modification de l’alimentation et le cahier des charges AOP doit tenir compte de ces changements. Il autorise déjà des cultures comme la luzerne, les trèfles.

Un travail d’équipe rythmé par les saisons

Nous sommes actuellement deux sur l’exploitation. L’idéal serait d’être trois UTH (Unité de Travailleur Humain), soit trois personnes à temps complet.

Actuellement il nous manque de la mécanisation dans le bâtiment. si on ajoutait plus de mécanisation dans le bâtiment de notre ferme, cela allégerait et faciliterait notre travail au quotidien.

Nous ne souhaitons pas agrandir la ferme. On souhaite aussi profiter un peu car il n’y a pas que le travail dans la vie. On aime bien aller dans les foires, dans les comices agricoles. On prend également une semaine de vacances par an. Et on est d’ailleurs allé en Haute-Savoie dans les terres de la production de Fromage d’Abondance. On trouve que c’est très joli et c’est là qu’on a pu discuter avec des agriculteurs pour partager sur nos activités et voir que les différences se situaient dans la difficulté des accès et exploitation des terrains sur Abondance par rapport à chez nous dans le comté ;

Concernant le rythme de travail, les foins ont lieu au printemps et pendant l’été. S'ensuivent la période des moissons et les semis d’orge. Dans les périodes plus calmes, il y a toujours du temps à consacrer aux bêtes et à l’entretien des pâtures. Nous trouvons toujours de quoi faire. En hiver, le résultat de la traite dépend de la récolte de fourrage réalisée au printemps. Les sécheresses comme celle de 2022 posent des problèmes notamment au niveau des stocks de foin. Le foin est aujourd’hui très cher. Cela nous inquiète toujours.

Les efforts pour l’écologie et des projets d’investissement

Au regard de l’écologie, nous essayons de nous améliorer et avons replanté des haies. Les investissements sont réalisés petit à petit. Nous aimerions rénover l’intérieur des bâtiments. La mécanisation nous permettrait de gagner du temps et de faciliter notre travail.

En termes d’investissements, on souhaiterait :

  • agrandir la salle de traite ;
  • investir dans un DAC (Distributeur automatique de concentrés). Cela permettrait de ne pas avoir à distribuer manuellement la farine à nos vaches.
  • s’équiper des logettes individuelles pour un meilleur confort pour nos vaches.

Ce dernier investissement faciliterait notre travail et permettrait d’économiser de la paille (engrais pour les sols). Ayant récemment repris l’exploitation, nous faisons attention et pensons d’abord à rembourser nos emprunts.

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La coopérative : un réseau d’entraide, de partage et d’échange

Nous avons été bien accueillis par les adhérents de la coopérative du Plateau de Bouclans. C’est convivial. Les réunions ont lieu tous les deux mois environ. Quand je travaillais avec mes parents, ils ne faisaient pas parti d’une coopérative. Ils vendaient leur lait à un fabricant de Comté. Ce dernier faisait une réunion 1 fois par an en février pour nous expliquer ce qui s’était passer pendant l’année et les évolutions du prix du lait et donc ce qu’il allait pouvoir faire pour l’année. On avait plus d’autres contacts pendant le reste de l’année.

A la Copérative du Plateau de Bouclans c’est bien différent. Le prix du lait est défini et varie en fonction de la qualité[3] . Il s’agit d’un système de points. Si l’on trait du lait de bonne qualité, nous pouvons gagner des points et augmenter le prix de notre lait. En cas de problème, c’est à nous de réagir rapidement pour essayer de corriger la faute qu’on a fait pour vite supprimer ce problème et donc ne pas perdre de points qui feraient diminuer le prix de notre lait.. Nous apprécions ce fonctionnement, cela nous donne un but et nous stimule.

De façon générale, il est nécessaire de réagir pour ne pas affecter tout le collectif. Si nous rencontrons un problème, cela impacte toute la chaîne et notamment la production des fromages de toute la coopérative. Il faut donc faire attention. Pour nous aider, nous pouvons aussi compter sur le soutien d’intervenants extérieurs.